Lithographie offset avec tampon à froid sur papier signé et numéroté par Takashi Murakami d'une édition limitée à 300 exemplaires. Publié par Kaikai Kiki Co. Ltd, Japon.
Dans I Know Not, I Know, Takashi Murakami explore à nouveau l’un de ses motifs récurrents : le crâne, un symbole universel de la mortalité qu’il réinterprète à travers son langage visuel distinctif. La composition de cette œuvre est particulièrement frappante, avec une accumulation dense de crânes semblant flotter dans un espace éthéré. Ceux-ci sont agencés de manière à dessiner une forme sinueuse en "S" au centre de l’image, composée de crânes blancs et de teintes très claires. Cette forme ondulante se détache d’un fond vibrant dominé par des tons rosés, rougeâtres et sombres, créant un contraste saisissant qui guide le regard du spectateur à travers l’œuvre.
La palette chromatique de I Know Not, I Know repose sur une base chaude et intense, dominée par des nuances de rouge et de rose – des couleurs qui symbolisent à la fois la vitalité et la décomposition. Des touches de bleu électrique, de violet et de vert néon sont également présentes dans la composition, mais elles jouent un rôle d’accentuation plutôt que d’élément central. Le contraste entre les couleurs saturées, les ombres profondes et les reflets lumineux confère à l’image une qualité presque tridimensionnelle, donnant l’impression que les crânes émergent et disparaissent continuellement de la surface. Cette dynamique visuelle renforce l’idée de mouvement constant et de transformation.
L’utilisation du crâne chez Murakami s’inscrit dans une longue tradition artistique japonaise qui interroge l’impermanence de la vie. Mais dans I Know Not, I Know, l’artiste transforme ce symbole en quelque chose de vivant et d’hypnotique, où le macabre se mêle à l’esthétique et au jeu visuel. Murakami avait déjà exploré cette dualité entre la vie et la mort dans sa série Flowers & Skulls, où il contrastait ses fleurs souriantes emblématiques avec la répétition de crânes. Bien que les fleurs ne soient pas présentes dans cette œuvre, leur influence reste perceptible : Murakami rappelle ici encore une fois la coexistence entre l’éphémère et l’éternel.
Avec cette œuvre, Murakami ne se contente pas de revisiter l’iconographie classique des vanités, il la transpose dans l’esthétique Superflat, où toute profondeur est éliminée et où tous les éléments coexistent sans hiérarchie sur un même plan pictural. I Know Not, I Know invite ainsi le spectateur à se perdre dans un cosmos de crânes flottants, où la mort n’apparaît pas comme une fin statique, mais comme un flux continu d’énergie et de couleur. Par cette œuvre, Murakami continue de questionner les frontières entre beauté et malaise, superficialité et profondeur, créant un univers visuel à la fois immersif et philosophique.